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Mathilde Monnier « C’est désormais le moment de se réunir et de dire ce qui ne va pas »

Propos recueillis par Anna Chirescu

Publié le 10 juillet 2020

La chorégraphe Mathilde Monnier venait tout juste de commencer la création de sa nouvelle pièce A Dance Climax avec les étudiants du Bachelor en danse contemporaine de La Manufacture à Lausanne lorsque la crise sanitaire est venue bouleverser leur rencontre. Coupé dans l’élan du processus de création, leur travail s’est poursuivi à distance via les canaux digitaux avant de reprendre en studio il y a seulement quelques semaines. Dans cet entretien, Mathilde Monnier revient sur ces répétitions hors du commun avec les jeunes danseuses et danseurs de La Manufacture et sur les difficultés de l’acte créatif pour un chorégraphe dans ce contexte. Au moment où les théâtres et les lieux de répétitions rouvrent progressivement leurs portes aux artistes et aux publics, la chorégraphe partage ses réflexions sur l’après.

Tu avais à peine commencé les répétitions de ta nouvelle création avec les étudiants de la Manufacture lorsqu’elles se sont brutalement arrêtées à l’annonce du confinement par le gouvernement. Où en étais-tu dans le processus ? Comment cette situation a impacté votre dynamique de travail ?

Lorsque le confinement a été annoncé nous avions tout juste commencé le processus de création, seulement 2 semaines de travail sur les 6 de prévues.  Nous avons ensuite appris au fur et à mesure des annonces successives ce qui pouvait ou non se faire. Pendant un temps, j’espérais toujours pouvoir continuer à travailler physiquement avec eux. Pour l’instant c’est encore l’incertitude à tous les niveaux (l’entretien a été réalisé fin mai 2020, ndlr.). Je ne sais pas si une forme finale aboutira, si ce projet va devenir une vidéo ou si l’on jouera live, mais ça ne sera pas la pièce que j’avais au départ imaginée. Je ne sais pas non plus si je vais pouvoir revenir à La Manufacture lorsque la Suisse va rouvrir ses frontières le 15 juin, et dans quelles conditions cette reprise se fera, car je ne veux pas travailler avec des danseurs masqués.

Comment es-tu parvenue à réorganiser le travail à distance avec les étudiants ? 

La reprise est tombée au début du confinement, dans cet état très difficile d’angoisse et de sidération où les étudiants pouvaient très peu sortir de chez eux. Par ailleurs, lorsque j’ai repris le travail à distance avec eux, j’espérais pouvoir revenir quelques temps après… J’ai dans un premier temps imaginé un petit travail de préparation, je leur ai envoyé des extraits de partitions, des tâches à réaliser, différentes propositions pour avancer dans le travail. Au tout début, il n’y avait pas encore d’accoutumance ni de connaissance des outils de vidéos et partages, avec certaines inégalités sur leurs utilisations. Ils se filmaient avec leur appareil photo ou leurs ordinateurs et mettaient leurs vidéos sur des plateformes – certains sont plus ou moins habiles, ou plus ou moins équipés. J’ai aussi observé qu’il y avait une forme d’inégalité pour se mettre au travail dans un moment qui était encore très anxiogène, du moins dans les premières périodes du confinement. Maintenant ce serait peut-être différent.

Ce processus de création à distance a-t-il déplacé la création de son chemin initial, ou bien permis de faire apparaître des éléments intéressants ou inattendus ?

Si nous avions été plus avancés dans la création au moment du confinement, peut-être, mais pour moi c’est très difficile, voire quasiment impossible de créer toute une pièce dans ces conditions, je ne vois pas bien l’intérêt, et les étudiants s’en rendent compte aussi. Ou bien il faudrait réaliser un film mais dans ce cas c’est un travail d’image qui nécessite beaucoup plus de matériels professionnels et des techniciens, ce n’est pas une vidéo réalisée avec son téléphone ou son ordinateur dans sa chambre qui va résoudre la situation. Par ailleurs, je ne connaissais pas encore bien le groupe. Mais je dois dire que l’École de la Manufacture et sa direction ont eu des réactions incroyables face à cette crise en accompagnant tout le monde, les étudiants et les artistes, gardant le contact avec chacun assurant les contrats, ceci dans une grande proximité chaleureuse, ça compte beaucoup.

Tu as fait le choix plutôt visionnaire de travailler sur l’air, à l’heure où le monde entier sort masqué contre une menace invisible, quelle est la genèse de ce thème?

La question de l’air est très importante dans mon travail, parce que je suis asthmatique et que j’ai commencé à danser à cause de cette condition. Je fais aussi beaucoup de Yoga donc je travaille souvent ma respiration. C’est un sujet qui est très intime dans mon travail de danseuse. J’étais par ailleurs assez troublée par les incendies massifs en Australie et par les mouvements d’ampleur pro-démocratie à Hong-Kong. J’avais aussi lu les textes du philosophe Peter Sloterdijk qui étaient très éclairants (Sphères I,II,III, ndlr). J’avais envoyé mes premières intentions de création à l’automne, et à l’époque le Covid-19 n’avait pas encore fait son apparition.

Le philosophe Peter Sloterdijk présente l’air comme « une patrie » il parle aussi « d’une époque de l’empoisonnement réciproque » pensais-tu que la fiction rattraperait ainsi la réalité ?

Ce n’est pas une philosophie d’anticipation, c’est une philosophie qui analyse certains phénomènes, dont la respiration, les bulles, les sphères. Il travaille à partir de concepts qui sont fait d’espace et de géométrie, sur lesquels il applique la poésie, l’esthétique, la philosophie ou l’anatomie. Ce n’est pas nouveau, je lis ses écrits depuis 10 ou 15 ans régulièrement et j’avais déjà travaillé à partir de son concept de l’écume. Il a écrit sur la notion de sphère et de mondes complètement fermés sur eux-mêmes, en quelque sorte sur des gens confinés… Dans ce même ouvrage, il parle de la question de l’air comme d’un nouveau territoire à conquérir, un territoire invisible, comme le sont aujourd’hui l’eau, la plage, le ciel, la forêt. Ces territoires qui appartenaient à tout le monde deviennent des espaces de propriétés, des territoires de partage économique. Il raconte aussi comment, pendant la première guerre mondiale, l’air a pu devenir une arme, et parle déjà beaucoup des virus, d’immunologie, de virologie comme de nombreux philosophes qui sont en avance sur leur temps. 

Ces lectures et leur résonance avec l’actualité ont-elles influées sur les propositions des étudiants ? 

Oui nous avons reparlé de la thématique, la question de la respiration reste très sensible pour chacun. C’est à la fois une donnée quotidienne de la pratique du danseur et une préoccupation devenue commune à tous. Je leur ai demandé de créer des solos, des petits extraits sur la poitrine, sur l’essoufflement, l’apnée. Le travail consistait également à rendre visible le mouvement de l’air dans le mouvement du corps, sous forme d’une respiration commune, en groupe, et sonore. L’air et la respiration sont étonnement très liés à l’émotion. L’essoufflement, l’apnée et tous ces réflexes affectent notre respiration. J’avais très envie de creuser le potentiel émotionnel de ce travail, mais je ne pouvais pas les laisser seuls sur ces recherches. C’était tellement brutal que que ne sais pas jusqu’où ils ont conscientisé le lien avec la situation actuelle. 

Tu as initié en 1998 la formation Exerce lorsque tu dirigeais le CCN de Montpellier, qui est devenu un Master à part entière en 2011. Quels sont les enjeux d’une création avec des danseurs en formation ?

Il n’y a pas vraiment de différence, je le prends de la même manière qu’une expérience de création avec des danseurs professionnels. J’aurais aussi pu mener un travail de répertoire, ce type de proposition peut être plus confortable, ou plus simple pour une École, mais c’est aussi excitant d’emmener avec soi tout un groupe dans une création, sans forcément passer par l’étape d’une sélection ou d’une audition. Je prends le groupe dans sa globalité et c’est très bien comme ça !

Endosses-tu une certaine responsabilité comme chorégraphe vis à vis de ces jeunes danseurs sur le seuil de leur vie professionnelle?

Oui, dans cette période je les ai un peu accompagnés. Nous avons discuté, j’ai pris certains rendez-vous individuels et informels avec eux pour tenter de comprendre leur état d’esprit, comment ils voyaient leur avenir surtout dans cette situation, quelles étaient leurs possibilités. D’une certaine manière la crise nous a rapprochée. Mais je suis artiste invitée dans cette École et je ne veux pas pallier à une place de responsabilité à laquelle je ne suis pas. Lorsque j’étais à Montpellier la situation était différente car j’accompagnais les étudiants dans leur vie professionnelle, parfois sur deux ou trois ans. Dans ce cas présent je suis à une autre place, celle de l’artiste et non celle de la pédagogue.

Penses-tu que cette crise a révélé ou développé une certaine capacité d’adaptation chez les danseurs ? 

Cette crise met vraiment en jeu leur avenir. La situation a été très violente et difficile pour eux, même s’ils étaient en Suisse et que le confinement a été plus simple qu’en France. Cette situation a augmenté considérablement le niveau de leurs inquiétudes sur leur avenir dans un milieu professionnel compliqué, où tout est encore très incertain. Ils n’ont pas encore de repères dans le monde professionnel et doivent déjà se projeter dans le monde de demain… Ils restent cependant assez positifs car ils sont jeunes, mais il risque d’y avoir beaucoup de dégâts chez cette génération qui arrive sur le marché du travail aujourd’hui, si l’on considère le monde qui les attend, et plus particulièrement celui de la culture.

Pendant cette période, on a vu émerger des formes de créations confinées sur les réseaux sociaux et la toile, penses-tu qu’il y ait un avenir pour la création sur les écrans ? Est-ce que ces initiatives vont ou doivent continuer à côtoyer le spectacle vivant « traditionnel » ?

Je ne pense pas qu’il faille opposer ces formes les unes aux autres, je crois que ce sont des réponses d’urgence à l’époque qui font avancer la réflexions. Quand on a pas le choix on fait avec ce qu’on a. Il faut prendre en compte cette évolution des outils, faisons donc avec, saisissons cette chance, ces formats peuvent s’enrichir l’un l’autre. Dans l’avenir, la vidéo n’empêchera pas le vivant, et le vivant n’empêchera pas l’image, il y a la place pour que les deux co-existent.

Comment as-tu physiquement vécu le confinement ? As-tu souffert d’une privation d’un espace ou d’une communauté ?

J’ai continué à travailler avec ma professeure de Yoga, quatre fois par semaines. C’est une grande maître internationale que j’ai rencontrée lorsque j’habitais à Paris, qui propose des stages sur Zoom avec, à chaque session, des centaines de personnes dans le monde qui sont connectées. J’ai aussi proposé des petites séquences sur des thématiques de mouvement sur mon compte Instagram. C’était intéressant et plaisant d’avoir ce rendez-vous. J’avais aussi la chance d’avoir accès à un studio de danse où j’allais parfois travailler seule. Finalement, j’ai pu poursuivre assez régulièrement ma pratique personnelle car elle est assez solitaire. Lorsqu’on est en tournée, dans les avions, les trains, les horaires serrées et les sacs à porter toute la journée, c’est toujours violent pour le corps. Je dois avouer que c’est très agréable de faire une pause.

On a finalement peu entendu les danseurs s’exprimer pendant cette période, penses-tu que cette crise a affecté plus particulièrement le monde de la danse, du fait du manque d’espace et de pratique en commun ? 

C’est vrai. Les danseurs ont des pratiques solitaires mais les réseaux sociaux ont permis d’être dans une relative continuité du travail. Malgré cela, je pense que les artistes de la danse étaient vraiment sidérés par la situation. J’ai beaucoup échangé avec des chorégraphes qui se trouvaient presque dans l’incapacité de réagir, de travailler. C’est tellement violent, c’est notre survie qui est en jeu. Nous ne pourrons pas faire des solos toute notre vie, personne n’a envie de ça. Nous travaillons tous en groupe, c’est à cet endroit que se fait la création, dans l’instant présent du plateau, de la répétition et pas derrière un ordinateur. Il n’y a pas d’autres paramètres que ce moment de partage avec les danseurs, où l’on est dans la recherche, dans l’expérimentation, dans l’écriture, c’est ce dont nous avons besoin, et ce manque est terrible. A ce simple titre, je suis certaine que cette crise a bouleversé les danseuses et danseurs partout sur la planète. Et c’est encore plus vrai dans certains pays où il n’y a pas d’aides sociales.

Sortie de ces deux mois de confinement, comment vis-tu cette saison non advenue ? Comment gères-tu l’incertitude de l’avenir du spectacle vivant ? 

J’ai décidé récemment de mettre en place des micro-résidences à la Halle Tropisme à Montpellier. Je ne pouvais pas me résoudre à voir ce studio magnifique complètement fermé. Ce projet m’a beaucoup motivé, il y a eu beaucoup réponses, ce qui me fait vraiment plaisir ! Autrement je n’ai aucun calendrier clair comme tout le monde, si ce n’est une date en juillet à Barcelone qui est toujours maintenue. Lorsque le confinement a commencé, j’étais au tout début d’une période très chargée et d’une tournée avec La Ribot avec notre spectacle Please Please Please. Nous n’avions pas encore beaucoup joué cette pièce, qu’on avait retravaillé et presque entièrement réécrite. Cette pièce parle d’ailleurs du monde à venir.  À un moment je raconte l’histoire d’un manège qui se met à tourner, qui s’accélère, et où les gens tombent au fur et à mesure. En bas, il y a un rat qui est là pour les dévorer. C’est une histoire vertigineuse à raconter. Pour l’instant il y a 35 dates annulées, une bonne partie est reportée mais certaines représentations sont réélement annulées. J’aimerais beaucoup jouer à nouveau cette pièce mais si nous ne reprenons pas le travail avant le mois de janvier, ça risque d’être très compliqué, il y aura sans doute un deuil à faire. Mais j’ai la conviction qu’on reprendra cette pièce un jour, c’est sûr. 

On a beaucoup entendu que la culture devait se « réinventer », que penses-tu de ces réflexions ? Sont-elles possibles ?

Il faut évoluer, et la culture évoluera toujours, mais il y a une part de risque à tenir ce genre de propos, car l’économie ne va pas se réinventer. Il serait dangereux de vouloir tout repenser alors que le monde repart comme avant. Je ne parle pas de faire table rase mais plutôt de réfléchir à la situation actuelle et de faire évoluer tranquillement les outils que nous avons à disposition. Il existe de nombreux dispositifs en France et en Europe, c’est une chance, et c’est un facteur très attractif pour l’international. Personnellement, je pense que faire la révolution dans la culture serait très dangereux, on y perdrait beaucoup face à des économies qui vont être trois fois plus rapides et dévorantes. Il faut être assez prudent sur le discours que l’on tient, mais oui, c’est désormais le moment de se réunir et de dire ce qui ne va pas.

Certaines réflexions ont été énoncées sur la profusion de la création en regard des canaux de diffusion limités.

Il y a un rééquilibrage à faire, mais je pense que la profusion est nécessaire. De nombreux artistes vont arriver sur le marché et leur présence est tout à fait légitime. C’est un discours dangereux de dire qu’il y a trop d’artistes, de propositions. D’ailleurs, il y a toujours eu trop ou beaucoup, il faut faire avec, c’est plutôt la manière dont on consomme ce « trop ». En revanche, on doit repenser la question du temps et des séries. Il faut repenser à d’autres temps de travail qui soient financés : des temps de créations, des temps de recherches, des temps d’archives, des temps d’institutions qui doivent être des temps différents d’accueil. Il faut créer d’autres dispositifs de travail, rallonger les temps de recherches, les temps d’expérimentations, valoriser les laboratoires. Il faudrait aussi continuer d’inventer des métiers autour de la danse, en mettant plus d’artistes dans les grandes institutions. Il faut défendre aujourd’hui des postes fixes sur des quarts-temps ou mi-temps pour les artistes – comme c’est le cas dans les écoles des Beaux-Arts – pour pouvoir pallier à ces moments où les artistes ne sont pas en création. C’est un sujet que j’ai toujours défendu, ce serait une nouvelle piste de travail. Les équipes dans ces énormes institutions ont besoin d’artistes à leurs côtés et pas seulement en fin de chaîne pour leur acheter leur spectacles.

Les artistes seraient-ils armés pour ces missions ? 

Il ne s’agit pas de faire le travail d’un gestionnaire. Mais au lieu de proposer deux semaines d’EAC (éducation artistique et culturelle, ndlr) aux artistes, pourquoi ne pas les intégrer au sein d’une équipe, pendant toute l’année, à la pédagogie ou à la programmation ? Ils pourraient travailler avec les responsables, les aider à réfléchir, voir des spectacles. Pourquoi est-ce que l’Education nationale ne créerait pas des postes pour des artistes danseurs? Plutôt que d’employer des artistes pendant 10 jours, au dernier moment sur des petits projets qu’ils n’ont ni pensés, ni élaborés. On pourrait imaginer des CDD de 8 mois qui valoriseraient tout le monde, impliqueraient l’artiste, réduiraient le chômage, et par la même les créations, tout en ayant un vrai impact sur une classe, une école, un engagement. Je pense que c’est à cet endroit que l’on peut changer certains des paradigmes : permettre aux artistes d’avoir un autre rapport à leur travail, ne plus être collés à leur création du matin au soir et avoir d’autres responsabilités qu’ils sont aussi capables d’assumer. Pourquoi pas ?

C’est vrai qu’il existe un certain cloisonnement dans les rôles et fonctions des artistes, dans les institutions et dans la société en général.

Lorsqu’on dirige une institution, ou même un festival, on élabore la programmation et on fait ensuite rentrer les gens dans des cases. Pour moi ce n’est pas de l’artistique, même un festival devrait avoir un artiste conseiller qui élabore un bout de la programmation chaque année. En tant qu’artiste, nous sommes trop souvent comme des mendiants réduits à des postures de devoir répondre à des demandes. Or, on devrait nous-mêmes créer la demande, et même en être à l’origine.

Cette crise sanitaire t’amène-t-elle à reconsidérer profondément tes recherches, tes centres d’intérêt, tes futurs projets ?

Les choses évoluent lentement, je ne sais pas comment la crise va impacter mon travail artistique. Je ne vais pas prendre de décisions radicales, mais je voudrais travailler différemment. Mais on ne peut pas aujourd’hui ne pas prendre acte de cette crise. Quant à repenser des mises en scènes en fonction d’une distanciation n’est simplement pas possible, c’est de la folie, ou bien nous ferons tous du Lucinda Childs : danser dans les mêmes diagonales qui ne se touchent et ne se rencontrent pas. Et même si nous pouvons tous imaginer des pièces où les interprètes ne se touchent pas, la reprise du travail ensemble reste techniquement toujours problématique.

Es-tu optimiste sur la sortie de la crise, pour le monde en général ? Pour le spectacle vivant ?

Je ne crois pas à des changements brusques, je pense qu’il y aura une évolution lente, avec des mouvements civiques, qui ne viendront pas du politique ou de l’économie, mais de la société civile qui va refuser une certaine forme d’accélération de la vie, des voyages, et des pratiques consuméristes, en France du moins. Cependant je ne crois pas qu’il faille penser à notre propre échelle aujourd’hui, mais à celle de la planète. Certaines actions ciblées risquerait de bouleverser totalement le système économique : si notre pouvoir d’achat baisse ou si les gens font le choix de s’abstenir de dépenser de peur d’une récession, les conséquences risquent d’être terribles. C’est difficile d’être pleine d’espoir, je ne suis pas pleine d’espoir. J’espère que les choses vont un peu changer, mais je ne pense pas qu’elles changeront radicalement.

A Dance Climax, chorégraphie Mathilde Monnier. Avec les étudiant·es de la promotion D du Bachelor en Contemporary Dance : Hortense de Boursetty, Zacharie Bordier, Colline Cabanis, Queenie Fernandes , Milo Gravat Délia Krayenbühl, Gabriel Obergfell, Ludovico Paladini, Fabio Zoppelli/ Assistanat à la chorégraphie Simon Wehrli. Création technique et régie Ian Lecoultre, Céline Ribeiro. Une production de La Manufacture – Haute école des arts de la scène. Photo © Aline Paley.

Mathilde Monnier aurait dû présenter A Dance Climax au festival June Events 2020. Suite au report des spectacles la saison prochaine, l’Atelier de Paris / CDCN a souhaité donner la parole aux artistes initialement programmé·e·s du 2 au 27 juin.