Photo © Patrick Berger

Marion Carriau & Magda Kachouche, Chêne centenaire

Propos recueillis par Wilson Le Personnic

Publié le 5 juin 2023

Les chênes sont des arbres majestueux qui s’enracinent profondément dans la terre, témoins des temps qui s’écoulent. Maillon de l’écosystème forestier, ils abritent et protègent une multitude d’espèces animales et végétales. En intitulant leur projet Chêne centenaire, Marion Carriau et Magda Kachouche défendent l’idée d’un geste pensé en relation et en co-habitation, notamment dans la pratique et le partage de savoir-faire ancestraux et artisanaux. Imaginé comme un manifeste ou une ode au Vivant, ce projet répond à la nécessité d’écrire de nouveaux récits pour penser, rêver et habiter autrement notre monde. Chêne centenaire prend aujourd’hui la forme de trois volets : une version dédiée pour l’extérieur, une version dédiée pour le théâtre et une version participative intitulée Paysan.ne.s. Dans cet entretien, Marion Carriau et Magda Kachouche reviennent sur les rouages de leur recherche et sur le processus singulier de Chêne centenaire et Paysan.ne.s.

Marion, Magda, vous co-signez le projet Chêne Centenaire. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre et la genèse de ce projet ?

Magda Kachouche : Nous nous sommes connues il y a vingt ans, lors de nos études de danse et nous sommes toujours suivies, et accompagnées dans nos parcours artistiques respectifs. Notre rencontre professionnelle se concrétise ensuite en 2017, lorsque Marion engage son travail de création sur son premier solo, Je suis tous les dieux, dans lequel elle m’invite à écrire la scénographie et la lumière de la pièce. À ce moment-là, j’avais commencé à développer mon travail principalement en tant que plasticienne, performeuse et assistante à la conception et la chorégraphie. Après cette première expérience, Marion m’a proposé de travailler sur une deuxième pièce qui devait être au départ une installation dans laquelle nous étions censés performer toutes les deux. Finalement, au fur et à mesure du processus, cette installation est devenue Chêne Centenaire, un projet qui a pris beaucoup plus de place et de formes que prévu…

Marion Carriau : J’avais envie de travailler avec Magda pour l’aspect polymorphe de son parcours artistique. J’imaginais un projet nourri par mon expérience depuis l’intérieur du plateau, en tant que danseuse et interprète et son expérience depuis l’extérieur du plateau, en tant qu’assistante chorégraphe et plasticienne. Le projet que j’imaginais au départ devait prendre la forme d’une installation-performance. Dans la complémentarité de nos regards et savoir-faire, j’avais proposé à Magda d’imaginer ensemble une forme de cabane/abris construit avec des matériaux durs. Puis après les premières sessions de travail ensemble, Magda a fait la remarque que notre recherche trouvait énormément de liens avec l’héritage du matriarcat et que ça ferait plus de sens que la structure que nous étions en train d’imaginer soit un objet souple, une cabane tissée. Puis au fur et à mesure de nos échanges, ce travail a donné lieu à plusieurs projets en arborescence : pour la boîte noire du théâtre, pour l’extérieur, et une pièce participative…

Comment s’est engagée la réflexion et le travail de Chêne Centenaire ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Nous sommes amies avant d’être collaboratrices et ça va faire plusieurs années que nous partageons nos inquiétudes et préoccupations sur l’état du monde actuel et de notre besoin de faire face à cette situation. Il n’y avait rien d’autre dont nous ne souhaitions parler à ce moment-là, on avait envie de travailler autrement et d’être au contact du vivant, de raconter une histoire qui nous donne de l’espoir. Pour Chêne Centenaire, nous nous sommes donc retrouvées dans l’urgence de travailler sur des enjeux écologiques et politiques, de fabriquer un objet artistique qui agisse comme une forme de recours. Cette première réflexion s’est également transposée à comment nous avons pensé la production et la création du spectacle. Par exemple, nous avons fait le choix de travailler avec des matériaux de récupération, de passer des centaines d’heures à tisser un costume plutôt que d’aller acheter des vêtements en magasin, de remettre au centre du travail l’artisanat et l’humain. L’idée de cabane/refuge et cette pratique de confection attribuée aux femmes depuis la nuit des temps nous a amené à regarder cet espace comme celui du foyer où les femmes entretenaient le feu, lieu propice pour raconter des histoires, transmettre des récits. La dimension du récit – qui nous intéresse l’une et l’autre tout particulièrement, a été un autre point de rencontre important dans l’écriture de Chêne Centenaire. Notre monde est façonné par les récits qu’on fait de lui et peut être qu’en racontant d’autres histoires, alors on peut envisager le futur et le monde différemment. On avait envie de fabriquer une nouvelle mythologie à notre échelle.

Chêne Centenaire a la particularité d’être pensé en deux volets : une version dédiée pour l’extérieur et une version dédiée pour théâtre. Pourriez-vous retracer la genèse de cette création en deux opus ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Le point de départ, c’est d’avoir pensé une installation qui puisse se poser partout. Un objet plastique, performatif et nomade : fabriquer une cabane, un refuge, qui viendrait nous recouvrir toutes et tous. Nous avons travaillé un temps avec une équipe d’architectes pour penser ce dispositif comme autonome, qui puisse se dispenser de la machinerie du théâtre tout en pouvant aussi, se déposer sur un plateau. Pour le montage de production de la pièce, nous nous sommes donc adressées à la fois à des structures chorégraphiques concernées par les enjeux plastiques et réciproquement, à des centres d’art ouverts aux enjeux chorégraphiques. Le premier lieu dans lequel nous avons travaillé est l’Abbaye de Maubuisson, désormais doté d’un studio de danse et se situant au cœur d’un grand parc. Dès les premiers jours de travail nous avons alterné entre le dedans et le dehors et alors éprouvé combien la recherche, au contact du Vivant était fertile. Nous parlons de s’inspirer, autant que possible, de certains principes du Vivant. On utilise souvent la métaphore de la plante épiphyte, qui pousse – potentiellement partout – tout en se servant d’autres supports préexistants pour se développer. Dans notre cas la boîte noire du théâtre, le jardin public, la forêt, un bâtiment de béton.

Vous présentez Chêne Centenaire comme un manifeste, une fable de science-fiction aux relents post-apocalyptiques et possitopiques. Pourriez-vous partager l’imaginaire et le « programme » de ce manifeste ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : « Comment habiter le futur, tous.t.e.s ensemble? » est la (grande) question que nous nous sommes posées. Pour tenter d’y apporter une réponse, nous avons tout de suite su que nous voulions raconter une histoire, une fiction avec des personnages, avec même le fantasme d’avoir des effets spéciaux. Parmi les lectures qui ont beaucoup imprégnées le processus de création, il y a eu les écrits des philosophes Vinciane Despret, Donna Haraway ou encore Baptiste Morizot – qui défendent la nécessité d’écrire de nouveaux récits pour penser, rêver et alors habiter autrement notre monde. Nous parlions aussi de « science-fiction » dans un désir d’héritage de certains récits d’anticipations féministes, comme ceux de l’autrice Ursula le Guin – dimension qui finalement ne s’est pas inscrite dans la pièce. Le terme de fable est « un court récit en vers ou en prose qui vise à donner de façon plaisante une leçon de vie. Elle se caractérise souvent par un récit fictif de composition naïve et allégorique mettant en scène des animaux qui parlent, des êtres humains ou d’autres entités à l’aspect animal, mais personnifiés ». On a eu envie, et besoin, de raconter une histoire possitopique – à l’opposé de dystopique. Une histoire d’un monde possible, qui convie tout le Vivant. Les personnages de notre fable se rattachent à la fois aux pouvoirs des humains, notamment dans l’usage et la pratique de savoir-faire ancestraux, artisanaux comme le tissage et le tressage, la transmission orale, la danse comme rituel social ; et des non-humains – et tentent d’habiter le paysage qu’elles fabriquent en oiseaux – pour se référer encore à Vinciane Despret dans son ouvrage Habiter en oiseau : « L’oiseau possède son territoire, parce qu’il est possédé par lui. Il a approprié son existence aux nouvelles dimensions que propose le territoire, il a été pris par la territorialisation. C’est le territoire qui le fait chanter, comme il le fait arpenter, danser, exhiber ses couleurs. En d’autres termes, l’oiseau est devenu territorial, ce qui veut dire que tout son être a été territorialisé. La possession, dans ce cas, désigne tout autant le fait d’être possédé que de posséder. » L’habitation de ce paysage se pratique en co-habitation, ainsi l’envie de convier les spectateurs à cette histoire est une dimension importante de la pièce. Comment faire ensemble ? Comment fabriquer un espace refuge dans lequel nous serions toutes et tous convié.e.s ? C’est pourquoi nous avons pensé l’espace de Chêne Centenaire comme circulaire, non frontal. Un espace qui puisse être comme poreux, qui nous permette effectivement d’échanger, de communiquer, de récolter des ressources auprès des autres habitants : ici les spectateurs, et de naviguer dans cette fiction qui se raconte , parfois, à plusieurs. Ce qui compte là, c’est la relation. La relation au Vivant, la relation au territoire, la relation aux spectateurs, la relation de l’une à l’autre.

Le premier volet de Chêne Centenaire a eu lieu dans sa version plateau. Pourriez-vous revenir sur le processus de travail chorégraphique ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Le geste initial, c’est donc l’envie de fabriquer un refuge inclusif. D’engager nos corps dans cette action de fabrication, de construction, et de se trouver au plateau à travailler comme des artisanes, des paysannes : celles qui créent le paysage. Pour nous la danse est déjà là : dans ces partitions de gestes fonctionnels. Cette chorégraphie s’augmente, s’étend par l’espace en train de se mettre en place. Il y a eu aussi très tôt, dans l’idée de raconter une fable, l’apparition de personnages. Parmi eux, celle que nous appelons La Géante, et qui ouvre la pièce pour plateau. Nous avions le désir de créer, d’habiter un corps commun. Pendant la recherche, nous avons passé du temps à trouver comment nos corps pouvaient s’assembler, pour ne former plus qu’un bloc, une seule cellule. Puis nous avons eu envie de réchauffer cette cellule, de la faire vibrer par le souffle, puis la voix. Aujourd’hui, le parcours de cette géante se compose uniquement d’une marche, et d’une mélodie que nous composons en direct. On fait aussi apparaître d’autres corps chimériques, lorsque le paysage s’est construit et que nous pouvons le célébrer. Des corps de créatures, mi humaines, mi animales, mi plastiques. Ces créatures nous sont apparues pendant le confinement, quand nous avons eu besoin de mettre en place un protocole de travail malgré la distance. C’est par l’hypnose que nous nous sommes réunies, et que les visions sont devenues un support, un socle commun déplacé par la suite en studio. Il s’agit de protocoles d’auto-hypnose qui nous ont été transmis lors de stages avec la chorégraphe Contour ou avec notre regard extérieur Alexandre Da Silva qui travaille régulièrement avec elle. Nous avons adapté cette pratique qui est devenue une forme de rituel de travail, qui passe notamment par l’écriture et le dessin. Il s’agit d’une pratique qui découle de l’hypnose ericksonienne (qui place le patient au centre de la thérapie, alors que l’hypnose classique met en avant le thérapeute, ndlr) qu’on utilise depuis plusieurs années. L’idée c’est de partir dans un voyage hypnotique d’une dizaine de minutes en ayant formulé au préalable un objet commun. À la suite de cette expérience, on vient la traduire ce voyage avec de l’écriture automatique ou des dessins. Pour Chêne Centenaire, nous avons pratiqué cette auto-hypnose depuis le départ et au fur et à mesure nous avons eu des visions en commun, que nous avons décidé de conserver et qui ont été fondatrices des premières recherches que nous avons mené en studio.

Votre recherche chorégraphique s’entremêle avec la voix, le chant, le souffle. Pourriez-vous partager le processus de recherche vocale de Chêne Centenaire ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Nous avons rêvé d’avoir un chant qui soit le fil conducteur de la pièce et qui se tisse au mouvement et aux actions. Un chant à différents caractères, qui peut passer de la liturgie à un chant de travail, un chant qui teinte et soutient l’action. Dans le processus de travail vocal, la dimension de la parole et du langage s’est aussi imposée : nous avions envie de dire des choses, et aussi d’en entendre. Aujourd’hui, la présence de la voix est presque omniprésente : on commence par le souffle, qui devient chant et mélodie, puis on passe par des mots, donnés et récoltés. Le travail vocal a été accompagné par Elise Chauvin, et la composition musicale se fait aussi en direct depuis le plateau grâce au travail de Nicolas Martz. 

Les costumes d’Alexandra Bertaut et Yannick Hugron occupent une place importante dans le processus chorégraphique et la dramaturgie de Chêne Centenaire. Pourriez-vous partager le processus de création des costumes et comment ils ont généré de nouvelles images, de nouvelles recherches chorégraphiques ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : L’apport d’Alexandra Bertaut et Yannick Hugron a été en effet essentiel et constitutif de l’écriture de la pièce. Ils ont commencé à travailler très tôt dans le processus de création. Nous avions comme image de départ deux personnages qui arrivent sur un plateau plutôt vide, chargés des vestiges d’un monde passé. Ces matériaux faisant d’abord office de costumes, puis d’habitat , de refuge, à mesure de leur déploiement et agencement sur le plateau. Alexandra Bertaut et Yannick Hugron ont confectionné ces costumes / habitat à partir du tissage et du tressage de différents matériaux 100% sourcés, récupérés autour de nous. Nous sommes restés fidèles à cette ambition, et la nature des objets et matériaux récupérés (sacs plastiques, coquilles d’huîtres, mousses issues de test pour la scénographie d’un autre spectacle, draps et dentelles de nos grands-mères…) a aussi influencée très fortement les contours et la couleur de la pièce. Il a fallu que nous avancions en parallèle, pour être prêt.e.s à se rencontrer au bon moment en studio, et confronter nos recherches chorégraphiques et vocales aux recherches plastiques d’Alexandra et Yannick. Leurs avancées sont nécessairement venus imprégner et modifier les visions primordiales : et c’est par le travail et les propositions de chacun.e que Chêne Centenaire a trouvé sa forme.

Pour la version extérieure de Chêne Centenaire, vous avez travaillé plusieurs semaines en pleine nature. Comment ce déplacement in situ a-t-il bouleversé l’écriture de la pièce ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Nous sommes arrivés en résidence à La chambre d’eau après avoir créé la première version plateau de Chêne Centenaire durant l’hiver. En arrivant sur place, nous savions déjà quelles étaient les matières que nous avions envie de reprendre, d’étirer dehors, notamment la dimension paysagère. Nous savions qu’expérimenter dans ce nouveau milieu allait donner lieu à de nouvelles matières mais cet espace a complètement bouleversé notre travail et l’architecture de la pièce. La première question que nous avons dû nous poser après seulement quelques heures sur place était celle du dispositif chorégraphique : le dehors est déjà un espace plein, à la fois extrêmement habité et par extension bruyant. Comme pour la version plateau, nous sommes arrivés avec l’intention de fabriquer une cabane, une forme de refuge qui serait le symbole d’un nouvel espace, mais au milieu de ce paysage, ce petit igloo ne faisait plus sens. Nous avons donc fait le choix d’abandonner cette cabane pour fabriquer un espace avec les arbres et la végétation en présence. Ce simple changement a bouleversé une grande partie de la dramaturgie initiale de Chêne Centenaire : ce n’était plus nécessaire de s’engager dans un geste de fabrication pour créer un espace en partage. Il a donc fallu remettre nos corps et notre relation au cœur de la dramaturgie : il suffisait de simplement habiter et y fabriquer nos rituels de danse, de chants, entouré des spectateurs. Par extension, cette expérience en extérieur a donné lieu à un changement radical de l’espace dans la version intérieure de Chêne Centenaire. Nous ne fabriquons plus de cabane au plateau : l’architecture se déploie désormais à l’échelle de la salle, avec des lianes/tubes qui partent des coulisses jusqu’à dans les gradins. Ça fait plus de sens d’englober tout le monde dans un même espace et de faire vivre un lieu dans sa totalité.

Pourriez-vous revenir sur le processus de travail dans cet espace vivant ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : C’était un processus extrêmement joyeux et nécessaire, qui nous a permis de comprendre comment exister et circuler avec plus de liberté à l’intérieur de notre propre pièce. Dans la version plateau, nous avions ressenti le besoin de remplir l’espace, avec du son, de la matière, etc. À l’extérieur, l’espace était tellement habité que nous avons plutôt eu besoin de vider. L’expérience du son a d’ailleurs été vraiment très forte : les vaches venaient aux galops écouter nos chants et le soir les oiseaux répondaient aux propositions sonores de Nicolas. Travailler à l’échelle de cet espace vivant nous a permis de réviser et d’essentialiser la scénographie, l’espace, le son, les lumières, les danses, etc. Une des premières questions que nous nous sommes posées a été de savoir ce qu’on conservait et ce qu’on acceptait de lâcher. Confronter ces matériaux initiaux à ce nouveau contexte nous a permis aussi de comprendre et confirmer des intuitions, notamment avec les costumes, qui nous paraissent parfois très saturé dans la boîte noire et qui une fois transposé en extérieur se fondent avec les souches d’arbres et s’accordent avec les hautes herbes, les souches d’arbres, les mousses, etc. Réviser toute la dramaturgie nous a permis aussi de trouver de la place pour d’autres figures que nous avions dû lâcher en cours de route, de revenir et d’assumer des envies qui étaient présentes dès le départ.

En parallèle de ces deux volets intérieur/extérieur, vous avez imaginé Paysan.ne.s, une pièce participative qui réinvestit les protocoles et rituels issus de la pièce Chêne Centenaire. Comment cette troisième arborescence développe-t-elle votre recherche ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : L’envie de créer des « versions participatives » de Chêne Centenaire était déjà présente lorsque nous avons commencé à conceptualiser le projet, nous parlions toujours de trois ramifications du Chêne : dedans, dehors, avec. Dans le cheminement de notre travail, nous avons aussi chacune l’intérêt de partager nos processus de recherche avec des personnes amateurs ou professionnelles, de consacrer du temps à ce type de rencontre.n Pour cette première version de Paysan.ne.s, notre résidence longue à Montreuil avec le soutien de Danse Dense nous a permis de réfléchir et de travailler sur l’espace d’un territoire, avec des habitant·e·s. Penser Paysan.ne.s nous a réellement permis d’apprendre sur Chêne Centenaire : c’était une tout autre façon de se mettre au travail, de regarder et questionner autrement notre propre recherche. Et surtout, nous avions aussi besoin de nous poser la question du futur collectivement. Cette pièce participative à ensuite vocation à trouver de nouveaux participant·e·s sur de nouveaux territoires.

Comment avez-vous partagé votre travail aux participant·e·s ? Quels matériaux avez-vous partagé et comment s’activent-ils différemment à travers un collectif ?

Marion Carriau & Magda Kachouche : Comme pour Chêne Centenaire, nous avons commencé par faire des séances d’auto-hypnoses pour appréhender ce que nous avions envie de partager et visualiser une dramaturgie. L’idée n’était pas d’arriver lors des ateliers avec une partition ou une dramaturgie pré-écrite, mais de confronter nos matériaux et nos protocoles de travail à d’autres personnalités, de voir comment ils réagissent à d’autres corps et de se nourrir de ses nouvelles propositions. Nous avons proposé au groupe de faire des suggestions d’objectif commun. Nous avons réalisé une session collective d’auto-hypnose suite à laquelle chaque participant.e à partager quels types d’animaux et de paysages il.elle avait visualisé. Nous avons fait beaucoup d’improvisations pour essayer de comprendre qui pouvait être les habitant.e.s, les animaux, les fantômes, les ancêtres, les êtres magiques, de cette nouvelle fable. Nous avons également invité Elise Chauvin, avec qui nous avions collaboré sur Chêne Centenaire, pour partager le travail de la voix et du souffle qu’elle nous avait transmis lors du processus de création. L’idée était de trouver une harmonie vocale afin de créer un grand corps collectif chantant.

Chorégraphes et interprètes Marion Carriau  & Magda Kachouche. Scénographie et costumes Alexandra Bertaut & Yannick Hugron. Regards extérieurs Alexandre Da Silva & Arnaud Pirault. Travail vocal Elise Chauvin & Leslie Bourdin. Eclairagiste Juliette Romens. Traitement du son et composition Nicolas Martz. Photo © Patrick Berger.

Chêne Centenaire est présenté les 10 et 11 juin au Festival La Maison danse Uzès