Publié le 2 avril 2019
Programme Commun
La 5ème édition du festival Programme Commun à Lausanne continue d’être le grand carrefour helvétique de la création contemporaine. Parmi la vingtaine de projets proposés, le centre d’art l’Arsenic programme du 4 au 7 avril les œuvres de trois femmes incandescentes. La chorégraphe et danseuse américano-dominicaine Ligia Lewis y présente son quatuor dystopique Water Will (in Melody) et clôture le triptyque entrepris avec Sorrow Swag et minor matter. Avec le « mélodrame » comme point de départ, ce dernier volet interroge les métaphores liées au corps et au langage. Caméra à la main, Samira Elagoz analyse dans Cock Cock… Who’s There ? le statut des corps sur des applications de rencontre en ligne tel que Tinder ou Chatroulette. Entre exhibition et violence, la jeune artiste y déconstruit les rôles assignés aux hommes et aux femmes sur Internet. Dans un paysage rocailleux à l’allure de purgatoire, la dernière création de Simone Aughterlony Maintaining Stranger, magnétise les âmes errantes de ces précédentes pièces, personnages en prise avec de nouvelles d’histoires.
Ana Rita Teodoro & Noé Soulier
Artistes associés au Centre national de la danse à Pantin, les chorégraphes Ana Rita Teodoro et Noé Soulier y présentent leurs nouvelles créations dans une double soirée du 4 au 6 avril. La portugaise Ana Rita Teodoro plonge dans le phénomène culturel kawaii pour en décortiquer l’esthétique et les nouveaux codes sociaux qu’il engage. Dans le quatuor FoFo, l’artiste déplie les imaginaires liés à cet univers mignon et interroge notre utilisation du « soft power » et ses rapports avec l’idée d’un corps sensible. Noé Soulier signe quant à lui Portrait de Frédéric Tavernini, une traversée dans la chair et la mémoire de son interprète (ayant travaillé avec Trisha Brown, William Forsythe, Angelin Prejlocaj, Louise Lecavalier ou Frederick Gravel) à la recherche de souvenirs kinesthésiques.
Temps fort danse au Théâtre de la Bastille
Du 8 au 18 avril, la danse rythmera la programmation du Théâtre de la Bastille. Pour une deuxième année consécutive, le Théâtre de la Bastille et l’Atelier de Paris / CDCN s’associent et accueillent quatre chorégraphes dont le travail gravite autour des idées d’héritage et d’identités. L’autrichien Simon Mayer explore les codes et les genres de la tradition folklorique dans son solo SunBengSitting et l’israélienne Shira Eviatar questionne l’influence de son héritage généalogique et culturel sur son corps et sa féminité dans Body Roots et Rising. L’irlandaise Oona Doherty télescope spiritualité et violence sociale dans sa fresque féministe Hard To Be Soft – A Belfast Prayer, et la chorégraphe Nina Santes réinvesti quant à elle la figure de la sorcière dans le cérémonial et magique Hymen Hymne.
Eric Minh Cuong Castaing
Après avoir orchestré la rencontre entre des enfants et des robots humanoïdes (School of Moon), ou encore le dialogue entre des personnes handicapées moteur et des danseurs par le biais d’un casque de réalité virtuelle (L’âge d’or), le chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing poursuit avec sa nouvelle création Phoenix son exploration des rapports entre danse et nouvelles technologies. Il s’attaque aujourd’hui à un objet technique devenu omniprésent dans l’imaginaire contemporain : le drone. À partir de ce terme qui désigne divers objets volants téléguidés renvoyant à des contextes politiques hétérogènes, l’artiste questionne le rapport entre des corps distants que suppose une vision prédatrice déshumanisée. Le 12 avril au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains.
Do Disturb
La 5ème édition du festival Do Disturb se déroulera les 12, 13 et 14 avril au Palais de Tokyo. Pendant ces trois jours, la jeune scène contemporaine internationale va investir les espaces du musée, mettant l’accent sur la perméabilité entre les disciplines et les genres. De nombreux rendez-vous rythmeront le week-end : la déferlante féministe 2.0 du solo i-clit de Mercedes Dassy ou encore les sculptures abstraites et mouvantes du scintillant Diorama de la norvégienne Ingri Fiksdal. Révélant les vestiges intemporels de pratiques d’attaque, de défense et de dissimulation, la portugaise Catarina Miranda présentera le duo Boca Muralha, chorégraphie inspirée par la gestuelle des Furies, déesses à l’énergie vengeresse. Invitant une dizaine de danseurs et boxeurs à monter sur le ring, Delphine Roche envisagera quant à elle la pratique de la boxe comme un rituel dans la performance galvanisante No Sweat Last Night, assumant un corps contemporains aux multiples dimensions sociales, ethniques et esthétiques.
Purge, Baby, Purge
Après Alfred de Musset et Witold Gombrowicz, c’est au tour de Georges Feydeau de passer à la moulinette de la compagnie du Zerep, sous la baguette de Sophie Perez et Xavier Boussiron. La rencontre avec le génie du vaudeville est l’occasion pour la troupe de réveiller la part acide et sulfureuse sommeillant chez un auteur qui, après avoir été longtemps placardisé pour son apparente légèreté, est désormais canonisé au point d’en devenir inoffensif. En s’emparant de son oeuvre, le binôme à l’humour caustique l’intègre dans leur panthéon personnel et redonne à son « théâtre de la pulsion » toute son énergie délurée. Purge, Baby, Purge, du 13 au 20 avril au Théâtre Nanterre-Amandiers.
Photo Maintaining Stranger © Jorge León
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