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Avril 2020 : Les rendez-vous confinés

Publié le 20 avril 2020

Manger de Boris Charmatz

Dans manger, Boris Charmatz s’intéresse à des muscles de notre anatomie rarement pointés sur une scène de danse : ceux de l’appareil manducateur. Le chorégraphe imagine ici une performance vocale et digestive pour une chorale de quatorze interprètes munis chacun de plusieurs feuilles de papier destinées à être mangées. La bouche pleine et à cappella, le groupe reprend une playlist de titres hétéroclites tels que Je t’obéis de Sexy Sushi, Symphony n°7 de Beethoven, La Folia d’Arcangelo Corelli ou encore le texte Le bonhomme de merde de Christophe Tarkos. Initialement pensé pour une scène de théâtre, manger a été présenté dans une version in-situ au milieu des spectateurs dans la Turbine Hall de la Tate Modern durant le week-end If Tate Modern was Musée de la danse? en mai 2015. Cet événement a été filmé et retransmis en direct sur Internet. Découvrez en intégralité cette performance sur la chaîne Youtube de la Tate.

Pichet Klunchun and myself de Jérôme Bel

Pensé à la manière d’un long entretien entre le danseur thaïlandais Pichet Klunchun et le chorégraphe français Jérôme Bel, Pichet Klunchun and myself met en scène deux artistes qui s’interrogent sur leur parcours et leurs désirs de danseurs, la relation parfois conflictuelle qu’ils entretiennent à leur pratique artistique. Le long combat de Pichet Klunchun pour la préservation du Khôn, la danse traditionnelle thaïlandaise menacée par le pouvoir en place paraît inconciliable avec les recherches avant-gardistes de Jérôme Bel ; c’est pourtant par le dialogue et le partage de gestes communs que leur échange trouve sa force et dépasse la seule mise en scène d’un clivage entre les danses d’Orient et les performances radicales de la scène européenne contemporaine. La captation intégrale du spectacle est en ligne sur la page des archives consultables de Nanterre-Amandiers.

Archive de la Collection Daniel Larrieu

« Au début des années 80 ans, les seuls studios de danse qui existent à Paris ne sont disponibles qu’en fin de journée après plusieurs heures de cours, l’odeur y est très forte et je ne supporte pas d’y travailler. Nous répétons donc dehors. Les jardins du Palais Royal était un endroit plutôt stratégique : on pouvait s’abriter de la pluie sous les arcades et aller aux toilettes au Louvre des antiquaires. À cette époque il y avait un parking à la place des colonnes de Buren et les deux fontaines mobiles de Pol Bury n’existaient pas. Aucun règlement interdisait de s’installer ici… Ça a été notre endroit de répétition pendant 2 ans ! Decouflé et d’autres compagnies ont ensuite suivi… Il n’y avait cependant pas de posture, ou une quelconque envie militante de travailler sous les fenêtres de Jack Lang. Je ne savais même pas que le Ministère de la Culture était là. » Découvrez cette archive vidéo de la compagnie Astrakan qui offre un aperçu des cours de danse dans les jardins du Palais Royal à cette époque.

Affordable solution for a better living de Théo Mercier et Steven Michel

Affordable solution for a better living est un des slogans de la firme suédoise Ikea. Le fabricant de meuble en kit propose, à moindre coût, de révolutionner le quotidien d’une classe moyenne globalisée, lui donnant accès à des objets bon marché, jolis et pratiques, pour meubler ses intérieurs confortables. Théo Mercier et Steven Michel s’intéressent ici au dommage collatéral du quasi-monopole de la firme : la standardisation de nos intérieurs, la perversion de la sur-consommation, l’asservissement de l’être humain aux choses qui l’entourent. La captation intégrale de ce solo est en ligne sur la page des archives consultables de Nanterre-Amandiers.

Relative Collider de Liz Santoro et Pierre Godard

Respectivement chorégraphe et chercheur en science, Liz Santoro et Pierre Godard collaborent depuis 2011. Ensemble, le binôme franco-américain expérimente une écriture chorégraphique à la confluence du geste et de la recherche scientifique, comme en témoigne leur pièce Relative Collider. Dans un entretien publié en 2015 sur maculture.fr, le duo évoquait les enjeux de cette relation : “L’art et la science ont des modes opératoires très différents, et il est difficile – et peut-être sans grand intérêt – de réaliser la synthèse de leur pratique dans la production d’un même objet. En revanche, des racines profondes communes nourrissent les efforts des artistes et des scientifiques. Peut-être qu’il s’agit de renouveler les mystères de l’expérience sensible.” Découvrez ici une captation de Relative Collider au Chocolate Factory Theater à New-York.

Photo manger © Brotherton Lock, Tate, 2015