Publié le 13 mai 2019
Chantiers d’Europe
A l’heure du Brexit, des élections européennes, de la nécessité d’accueil des personnes arrivant sur son territoire, et des montées en puissance des idées nationalistes, l’Europe, pourtant récipiendaire d’un riche héritage de pluralité et de diversité, est grandement fragilisée. Impulsée par le Théâtre de la Ville de Paris, la nouvelle édition du festival Chantiers d’Europe met en lumière une Europe profondément ancrée dans le XXIème siècle, fière de ses pluralités et riche de la diversité qui la constitue. Jusqu’au 1er juin, en plus d’un large programme de rencontres, d’interventions, de journée d’etudes et de conférences, de philosophes et de scientifiques, de nombreux spectacles viendront creuser des problématiques à l’actualité brûlante. Le chorégraphe Arkadi Zaides propose une réflexion sur la surveillance des frontières par des robots dans Talos, Núria Guiu Sagarra interroge dans Likes la danse face à la culture des videos Youtube, ou plus largement les relations entre pratiques physiques et culture numérique. Le collectif portugais du Teatro Praga présente Jângal, dans lequel se déploie un conte kitch et futuriste, au coeur d’une jungle pop et colorée.
Kunstenfestivaldesarts
Invitant des artistes des quatre coins du monde, le Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles tente de prouver une nouvelle fois la caducité des frontières disciplinaires et l’importance d’une réflexion artistique qui fait résonner local et international. Du 10 mai au 1er juin, le festival investit une vingtaine de lieux de la capitale belge et accueille une quarantaine de rendez-vous éclectiques : la cyber-comédie musicale New Joy de la chorégraphe Eleanor Bauer et du musicien Chris Peck, l’immersion charnelle et sexuelle de Cutlass Spring de Dana Michel ou encore l’héritage politique, historique fantasmé et digéré de la République Démocratique du Congo par le chorégraphe Faustin Linyekula dans Congo. Le projet le plus intriguant reste sans nul doute Conversation without words de la metteuse en scène hollandaise Lotte van den Berg : une rencontre collective et silencieuse permettant une percée hors du cadre prédéterminé du langage et des discours.
Rencontres Chorégraphiques
Sans jamais s’imposer de carcan esthétique, les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis rivalisent de richesse et de foisonnement dans une programmation fleuve. Du 17 mai au 22 juin, une vingtaine de projets insisteront sur la pluralité du paysage chorégraphique actuel. Daniel Larrieu re-créera Chiquenaudes et Romance en Stuc deux pièces emblématiques de son répertoire des années 80, François Chaignaud présentera le délicat et organique Soufflette avec 14 interprètes de la compagnie norvégienne Carte Blanche et l’américaine Eleanor Bauer présentera NEAR, tonitruant concert chorégraphique pour le ballet Cullberg porté par la musique du rappeur Yung Lean. De nombreux solos seront également mis à l’honneur dans la programmation : une plongée dans les mouvements oubliées dans Lostmovements de Jan Martens et Marc Vanrunxt, une oeucuménique cérémonie du thé, Damnoosh de l’iranien Sina Saberi, la douceur poétique et énergie hip hop bricolée du belge Louis Vanhaverbeke dans Mikado Remix, ou encore Body of Work de Daniel Linehan, solo rétrospectif dans lequel le chorégraphe fait appel à ses souvenirs kinesthésiques pour ré-investir son histoire personnelle d’interprète.
Focus Alice Ripoll
La chorégraphe brésilienne Alice Ripoll est désormais bien présente sur les scène européennes. Originaire de Rio de Janeiro, elle travaille avec des danseurs issus de favelas et dirige actuellement deux compagnies urbaines. Alors que Jair Bolsonaro, ouvertement raciste, sexiste et homophobe, vient d’être élu à la tête du Brésil, son travail prend plus que jamais une teinte revendicative. Présentée aux Rencontres Chorégraphiques, sa pièce aCORdo fait voler en éclat le quatrième mur en mettant en scène quatre joyeux danseurs dérobant sacs et accessoires au public avant de terminer mains en l’air contre un mur, forçant les spectateurs à une fouille au corps pour récupérer leurs affaires. Inspirée d’une danse urbaine originaire de Rio de Janeiro, la dancinha, qui elle même dérive du passinho, danse traditionnelle carioca sensuelle et chaloupée, la nouvelle création de la chorégraphe, Cria sera présentée au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles et aux Rencontres Chorégraphiques.
Photo Soufflette © Helge Hansen
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