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Pléiades, Alban Richard

Par Wilson Le Personnic

Publié le 28 mars 2017

Depuis la création de sa compagnie l’ensemble Abrupt en 2000, le danseur et chorégraphe Alban Richard fait dialoguer écriture chorégraphique et musicale au service d’une recherche transversale foisonnante. Créé en juin 2011 à Montpellier danse, Pléiades est un bel exemple des préoccupations formelles du chorégraphe aujourd’hui à la tête du centre chorégraphique national de Caen en Normandie. Véritable pièce d’envergure, Pléiades tire son origine dans l’oeuvre éponyme du compositeur d’origine grecque Iannis Xenakis (1922-2001). Jouée pour la première fois en 1979 par les Percussions de Strasbourg, cette oeuvre musicale sert ici de support à l’écriture chorégraphique d’Alban Richard. Six danseurs et six percussionnistes – tous habillés en chemises et pantalons noirs – se côtoient au sein d’un même plateau occupé par une quinzaine d’instruments de musique : des vibraphones, xylophones, marimbas et des sixxen (spécialement inventés pour cet opus).

Conçue comme un « concert de musique et de danse », la partition chorégraphique d’Alban Richard se calque sur la partition de Xenakis composée de quatre sections musicales intitulées « Mélanges, Claviers, Métaux et Peaux » en référence aux instruments utilisés par les musiciens. S’ajoute à ces quatre séquences une cinquième partition chorégraphique, qui intervient juste après le premier segment Mélanges, exécutée dans le silence sous le regard des musiciens de par et d’autre de la scène. Chaque changement de séquence musicale est également l’occasion de re-configurer l’espace des danseurs avec les nouveaux instruments de musique.

Pléiades est une véritable machine chorégraphique, extrêmement bien huilée, portée par l’énergie d’une musique quasi enivrante. L’écriture d’Alban Richard s’adosse ici sur le rythme intensif de la musique de Xenakis. Les six danseurs vont se déployer dans l’espace, au service d’une partition chorégraphique aux motifs spiralés et circulaire. Composés principalement de marches et de courses collectives, les déplacements géométriques sont ponctués par de courts soli labiles des danseurs. Les gestes volent ici en éclat aux rythmes des percutions, au grand plaisir des interprètes qui semblent être habités par la musique.

Au regard du répertoire d’Alban Richard, nous pouvons tisser des filiations entre Pléiades et une pièce plus récente de l’auteur, HOK, créée en 2015 pour le CCN – Ballet de Lorraine. Chorégraphié à partir de la partition d’Hoketus du compositeur néerlandais Louis Andriessen, ce « solo pour ensemble » interprété par 12 danseurs possède les gènes de cette précédente pièce, aussi bien dans l’écriture millimétrée du geste dans l’espace que dans son rapport à la musique.

Vu à la Maison de la musique de Nanterre. Conception et chorégraphie Alban Richard. Avec Les Percussions de Strasbourg. Photo © Agathe Poupeney.