Par Wilson Le Personnic
Publié le 6 novembre 2015
Steve Paxton au Théâtre des Abbesses, Yvonne Rainer au Louvre, Lucinda Childs au Théâtre de la Ville… Quelle chance exceptionnelle d’avoir pu voir réunis à Paris ces dernières semaines plusieurs grandes figures de la danse post-moderne américaine. Invitée par le Festival d’Automne dans le cadre de son programme « American Dance », Trisha Brown, autre membre fondatrice du Judson Church Theater, présente au Théâtre National de Chaillot quatre œuvres emblématiques de son répertoire couvrant une période allant de 1976 à 2011. Intitulé Proscenium Tour, cet événement est d’autant plus important qu’il marque la dernière grande tournée mondiale de la compagnie, au moment où la chorégraphe s’apprête à célébrer son 79e anniversaire.
Prolifique et inventive, l’œuvre de Trisha Brown rassemble plus d’une centaine de pièces marquantes. Faire aujourd’hui une sélection représentative de ce travail anthologique est un exercice délicat, mais la compagnie a su composer un programme équilibré et révélateur. Solos Olos (1976), Son of Gone Fishin’ (1981) et le duo Rogues(2011) mettent en lumière l’écriture fluide, rigoureuse et aérienne de la chorégraphe. Les jeunes interprètes dessinent avec une visible joie de danser des structures vives et minimales, où les gestes, portés par des échos et des jeux de miroir, créent de fascinantes résonances spatiales. Present Tense (2003), dernière pièce du programme, témoigne quant à elle de l’importance des collaborations plastiques et musicales dans l’œuvre de Brown, avec une scénographie colorée signée Elizabeth Murray et une partition de John Cage, dans une explosion visuelle et sonore qui clôt la soirée en apothéose.
Ce voyage à travers l’œuvre de Trisha Brown révèle une fois de plus la force visionnaire d’une écriture chorégraphique qui, sans cesse, se renouvelle et s’invente de nouveaux territoires. Assister à ce programme en sachant que la compagnie fait ses adieux à la scène traditionnelle ne pouvait que rendre cette soirée particulièrement précieuse. L’aventure artistique de Trisha Brown ne s’arrête cependant pas là : la compagnie prépare désormais de nouvelles formes, investissant l’espace public et les musées, fidèle à l’esprit pionnier et à la liberté de sa fondatrice.
Vu au Théâtre National de Chaillot. Photo Stephanie Berger.
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