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Bouchra Ouizguen « Préserver les ressources qui s’amoindrissent »

Propos recueillis par François Maurisse

Publié le 28 août 2017

Pause estivale pour certains, tournée des festivals pour d’autres, l’été est souvent l’occasion de prendre du recul, de faire le bilan de la saison passée, mais également d’organiser celle à venir. Ce temps de latence, nous avons décidé de le mettre à profit en publiant tout l’été une série de portraits d’artistes. Figure établie ou émergente du spectacle vivant, chacune de ces personnalités s’est prêtée au jeu des questions réponses. Ici la chorégraphe Bouchra Ouizguen.

Établie à Marrakech, Bouchra Ouizguen développe depuis 1998 des projets agissant dans le sens d’une mise en valeur de la scène artistique et du patrimoine chorégraphique de son pays. Après avoir participé en France au projet Bocal (2003 – 2004) à l’initiative de Boris Charmatz, elle poursuit son travail personnel au Maroc en accueillant matières et personnalités diverses et atypiques. Ses dernières pièces Ottof (2015) et Jerada (2017) sont le reflet d’une oeuvre chorégraphique protéiforme et syncrétique où les cultures traditionnelles se mêlent à une approche épurée du mouvement.

Quel est votre premier souvenir de danse ?

Ils sont nombreux, ce sont des souvenirs du désert Marocain, où chants et fêtes ont bercé mon enfance, dans un contexte familial comme avec le voisinage.

Quels sont les spectacles qui vous ont le plus marquée en tant que spectatrice ? 

Les premiers auxquels j’ai assisté petite, d’artistes inconnus, pendant les mariages. Plus tard il y a eu les films égyptiens et indiens que nous regardions tous les dimanches à la télévision. J‘adorais les passages dansés, mais aussi les clips de Michael Jackson qui m’ont fascinée adolescente, tout comme le premier spectacle que j’ai pu voir en vidéo : May B (1981) de Maguy Marin.

Quels sont les souvenirs les plus intenses parmi tous les projets auxquels vous avez collaboré ?

Madame Plaza (2008) et Corbeaux (2014). Ces projets ont représenté un tournant pour moi, à la fois pour créer ma compagnie, mais aussi dans ma vie. Les artistes que j’ai rencontré pendant les années qui ont précédé ces projets m’ont humainement grandement nourrie. J‘ai pu découvrir que la danse contemporaine ne restait pas forcement un ailleurs, que l’apprentissage peut se situer tout près de nous, juste a côté, et n‘a pas de fin.

Quelles oeuvres chorégraphiques composent votre panthéon personnel ?

Je n‘ai pas de panthéon personnel, mais je suis inspirée par des oeuvres filmiques, littéraires, des odeurs, des artistes de l’ombre, dans des cabarets où j’ai rencontré des artistes subversifs, extraordinaires de talent.

Quels sont les enjeux de la danse aujourd’hui ?

Ses enjeux se trouvent dans la préservation des ressources qui s’amoindrissent, des espaces animaux, végétaux, de la terre, de l’eau, et de l’environnement.

Quel rôle doit avoir un artiste dans la société aujourd’hui ?

Sérieusement, chaque artiste joue le rôle qu’il a envie de jouer, dans sa voie comme dans son éthique. La question du désir est très importante, quand il n’est plus là, c’est le moment d’arrêter. Les questions de l’environnement, de la préservation de la planète, des droits des êtres, me semblent au coeur des enjeux d’aujourd’hui et de demain. Elles sont liées et urgentes.

Photo © Jean-François Robert