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2024.07 Baptiste Cazaux, GIMME A BREAK !!!

Par Wilson Le Personnic

Publié le 8 juillet 2024

Entretien avec Baptiste Cazaux
Propos recueillis par Wilson Le Personnic
Juillet 2024

Baptiste, tu es à la fois danseur, chorégraphe et DJ. Tes projets ont pour point commun de travailler avec, sur et à propos de la musique. Peux-tu partager certaines réflexions qui traversent ta démarche artistique ?

Je vois la musique comme un vecteur d’imaginaires et d’énergie. Elle est pour moi à la fois un point de départ, un support et un sujet dans mes spectacles. Je commence souvent mes créations en essayant de définir un «mood» musical. J’envisage le son comme partenaire de jeu, mais également comme moteur d’informations esthétiques, conceptuelles et émotionnelles. J’aime travailler autant à partir de morceaux préexistants que de créations originales. J’aime bien aussi utiliser le paysage sonore pour glisser des messages cachés, des clins d’œil, des références fantomatiques qui ont nourri le processus mais qui n’apparaissent pas explicitement dans l’objet final.

GIMME A BREAK !!! est un solo que tu présentes comme « une quête de catharsis et recherche de sensations fortes ». Peux-tu retracer l’histoire de cette création ?

La création de GIMME A BREAK !!! prend racine dans l’expérience d’un épisode dépressif que j’ai vécu pendant le premier confinement. À ce moment-là, pour pallier cet état, j’ai pratiqué la méditation et appris à mixer, principalement avec de la musique rapide et rythmée. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de calmer mes angoisses, et ces deux pratiques m’ont permis de trouver une forme de catharsis, chacune à leur manière. J’y ai vu des similitudes, alors que ce sont deux pratiques qui semblent antinomiques. J’ai eu envie, avec GIMME A BREAK !!!, de créer un lien entre les deux.

Quel a été le moteur de cette recherche ?

Pour cette création, j’ai cherché à créer un objet proche de qui je suis. J’ai longtemps refusé de travailler à partir de mes émotions et de ma sensibilité, considérant qu’il était plus pertinent d’être analytique et conceptuel, sans imaginer qu’il était possible de faire les deux. En me détachant de ces idées, j’ai réussi à trouver un endroit d’alignement dans lequel je me sens bien. Je suis parti donc d’un sentiment personnel : un besoin viscéral de lâcher prise.

Peux-tu donner un aperçu du processus de recherche de GIMME A BREAK !!! ?

J’ai eu envie de travailler à partir de mes expériences de méditation, de mes écoutes musicales et de mon vécu dans l’univers de la rave. La rave est à mes yeux un lieu de lâcher prise, et son vecteur est la musique. La drum and bass – dont j’emprunte le Amen Break, sample emblématique de batterie que j’utilise comme mantra – est une des multiples musiques de rave. Le headbanging, plutôt associé à la musique métal, est pour moi une réaction primaire à l’écoute de la musique en général. J’ai cherché, avec GIMME A BREAK !!!, à créer une pratique de méditation transcendantale à partir de la combinaison de ces éléments. J’ai aussi nourri ces pratiques par des lectures théoriques, notamment le recueil Hardcore écrit par Simon Reynolds.

Tu l’as dit plus haut : tu envisages le son comme ton partenaire de jeu. Comment as-tu engagé le travail chorégraphique avec ce médium ?

GIMME A BREAK !!! est ma deuxième collaboration avec le musicien Nelson Schaub. Nous avons beaucoup travaillé en simultané dans le studio. La dramaturgie sonore et la chorégraphie ont donc été créées en parallèle et se sont nourries mutuellement. Le son a amené du geste, dansé ou technique – je parle ici de la manipulation des différents haut-parleurs que je branche et débranche – et la danse a transformé le son. J’aime imaginer que ma pratique de la danse est aussi une pratique sonore. C’est dans cet espace que je me sens aligné et épanoui.

Les 5 et 6 juillet 2024, Festival de la Cité à Lausanne
Le 7 décembre 2024, Centre National de la Danse à Pantin
Les 24 et 25 janvier 2025, Festival Trente Trente à Bordeaux
Les 5 et 6 février 2025, Kaserne Basel
Les 5 et 6 avril 2025, Palais de Tokyo à Paris
Le 25 avril 2025, (B)its of Dance à Brugge