Par Wilson Le Personnic
Publié le 4 janvier 2024
Entretien avec Silvia Gribaudi
Propos recueillis par Wilson Le Personnic
Janvier 2024
Silvia, depuis vingt-ans, ton travail interroge et célèbre le corps social et collectif. Peux-tu partager certaines réflexions qui traversent ta démarche artistique ?
Mon travail place l’interprète et l’artiste sur scène au centre de la nécessité de communiquer, de transmettre comment le corps doit reprendre le pouvoir dans la relation. J’essaie de rester curieuse du potentiel expressif des personnes et des corps qui peuvent se transformer et exister à travers des formes infinies. J’espère que la danse est capable d’éduquer au respect de la diversité dans le sens d’une société qui essaie de travailler ensemble pour construire quelque chose ensemble. Pour moi, la danse vient activer des endroits en nous moins rationnelle et inspire à une certaine forme de liberté.
R.OSA est un solo avec et pour Claudia Marsicano. Peux-tu revenir sur votre rencontre ?
J’ai rencontré Claudia Marsicano en 2015 durant une audition, tout simplement. Je suis aussitôt tombée amoureuse de son talent et de sa beauté. Claudia est capable de passer du corps à la voix avec un charisme que je n’avais jamais vu en live. Elle avait 24 ans à l’époque ! Je l’ai vue bouger sur scène et j’ai aussitôt réalisé qu’elle était l’interprète qui pouvait le mieux raconter mon idée de la liberté et de la beauté. Peu de temps après, je lui ai demandé si elle voulait faire un spectacle avec moi.
Peux-tu partager certaines questions qui étaient présentes au départ lorsque vous avez commencé cette création ?
Voici un aperçu des questions qui nous ont mises au travail : Quand et pourquoi le corps de l’autre nous fait-il peur ? De quoi avons-nous peur ? Quand et pourquoi avons-nous de l’empathie pour un corps sur scène ? Où se pose notre regard sur l’autre ? Comment se pose-t-il ? À quel moment commençons-nous à projeter sur le corps de l’autre notre vision de la virtuosité ? Ces questions restent ouvertes et j’aime toujours observer les réactions des spectateur⸱ices pendant la pièce pour essayer d’y trouver des réponses.
D’apparences légères et joyeuses, tes pièces abordent des sujets sociétaux et graves. Relies-tu ta recherche artistique à une démarche politique ? Envisages-tu ton travail comme engagé ?
Au fil des ans, et plus particulièrement au cours des dix dernières années, la prise de conscience du travail que je développe et de l’impact qu’il crée chez le⸱la spectateur⸱ice est en train de changer. La comédie que je porte sur scène est toujours pour raconter autre chose et aussi pour questionner les codes qui corsètent les corps et la liberté d’expression des autres. Cette façon de travailler est-elle politique ? Honnêtement, je ne sais pas… Lorsque je travaille en studio, je ne me demande pas si je suis en train de fabriquer quelque chose de politique. J’essaie juste de rester dans une cohérence poétique et j’espère que ce que je raconte peut toucher ceux qui le reçoivent.
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Du 5 au 7 juillet 2024, festival Paris l’été
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