Photo Christophe Raynaud de Lage

Sauver la peau, Hélène Soulié

Par Wilson Le Personnic

Publié le 30 janvier 2015

Rares sont les comédiens qui parviennent à incarner avec autant d’évidence le texte d’un auteur comme si celui-ci l’avait écrit pour eux. C’est seul sur scène et sous la direction d’Hélène Soulié que Manuel Vallade parvient à réaliser cette performance avec justesse : le comédien habite avec sincérité les mots de l’auteur David Léon, et livre, sur le fil d’un rasoir, une bouleversante performance.

Sauver la peau est la troisième pièce de David Léon et peut se lire en écho à son précédent texte Un batman dans ta tête. Nous y retrouvons Matthieu, un jeune adolescent diagnostiqué comme schizophrène. L’écriture très ponctuée de l’auteur, aussi violente dans le fond que dans la forme, contamine la parole : les ponctuations activent chaque respiration, chaque respiration emmène le comédien vers des états latents, où le silence souligne le poids des mots.

Le texte de David Léon résonnent avec puissance dans la bouche de Manuel Vallade, les mots sonnent comme extirpés du tréfonds de ses entrailles et plus profondément encore, de sa mémoire, comme autant de souvenirs vécus qui ont façonnés et régissent un homme. L’éclat de ses yeux, son regard perdu dans ses pensées, la parfaite mesure entre force et fragilité. Figure vulnérable, d’une beauté irradiante, on ne peut que se sentir désarmé face à tant d’impudeur et d’ambivalence.

Vu au Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines. Texte de David Léon / Editions Espaces 34. Conception, mise en scène et dramaturgie Hélène Soulié. Avec Manuel Vallade. Photo de Christophe Raynaud de Lage.