Photo Chiara Valle Vallomini

Removing, Noé Soulier

Par Wilson Le Personnic

Publié le 16 octobre 2015

Découvert pour la première fois en 2010 sur le plateau du Théâtre de la Ville lors du concours Danse Élargie – alors tout juste diplômé du cycle de recherche P.A.R.T.S à Bruxelles – Noé Soulier est aujourd’hui une figure de la jeune scène contemporaine internationale et construit depuis maintenant quelques années un parcours singulier dans le paysage chorégraphique français. Ses pièces interrogent la manière dont on perçoit et dont on interprète les gestes. Dans les soli Signe blanc (créé en 2012 avec le premier danseur danseur de l’Opéra de Paris Vincent Chaillet) et Mouvement sur Mouvement (2013), le chorégraphe introduit un décalage entre le discours et les gestes qui l’accompagnent. Il est aujourd’hui artiste associé au CND jusqu’en 2017.

Dans la continuité de ses précédentes pièces, Noé Soulier poursuit avec Removing sa recherche autour du geste. Les mouvements sont ici disséqués, analysés et fragmentés pour effacer tout « objectif pratique » dans leurs actions. En résulte une partition minimale, impulsive et imprévisible, dénuée de toute narration, et exécutée en solo ou à l’unisson par six danseurs virtuoses. Le mouvement pour le mouvement, sans concept, sans remplissage, sans débordement. Les corps bondissent, chutent, se tordent, vrillent dans l’espace. Des micros dispersés au quatre coins du plateau captent et retransmettent le son de leurs chocs, de leurs courses et du froissements de leurs vêtements (des tenues « sportwear » noires et fluo). Pas une seule fois les danseurs rentrent en contact, excepté lors d’un remarquable duo qui emprunte son écriture au jiu-jitsu, art martial brésilien. Cette séquence, qu’on retrouve également sous la forme d’une performance autonome intitulée Grabbing, Pushing, Thrusting, est un lent combat, les clés articulaires et les gardes au sol prennent de nouvelles dimensions et se lisent comment une longue et vigoureuse étreinte charnelle. Brilliant de technicité, Removing confirme une nouvelle fois la dextérité de Noé Soulier à déplier avec ingéniosité de nouvelles cartographies de notre perception du geste.

Vu au Théâtre de la Bastille, en coréalisation avec le CND, un centre d’art pour la danse / Festival d’Automne à Paris. Conception et chorégraphie, Noé Soulier. Avec Jose Paulo Dos Santos, Yumiko Funaya, Anna Massoni, Norbert Pape, Nans Pierson, Noé Soulier. Costumes, Chiara Valle Vallomini. Création sonore, Éric La Casa. Lumière, Gilles Gentner. Photo de Chiara Valle Vallomini.