Photo NLE©AgathePOUPENEY4HD

Nombrer les étoiles, Alban Richard

Par Wilson Le Personnic

Publié le 14 mars 2016

Depuis maintenant une quinzaine d’années le chorégraphe Alban Richard, désormais directeur du centre chorégraphique national de Caen en Normandie, explore les répertoires de compositeurs, aussi bien contemporains que médiévaux, et ne cesse de réinviter et remettre en jeux son écriture chorégraphique d’une pièce à l’autre. Du clavecin à la musique électronique, en passant par les percussions et le chant à cappella, chacune de ses créations est une nouvelle entrée dans son oeuvre aussi foisonnante que complexe.

Après avoir travaillé à partir d’iconographies médiévales dans sa dernière pièce Et mon coeur a vu à foison (2014), Alban Richard poursuit à travers sa nouvelle création Nombrer les étoiles (2016) sa recherche autour de cette période historique en explorant les écrits des troubadours et des trouvères des XIIe et XIIIe siècle. Avec trois musiciennes de l’ensemble de musique médiéval alla francesca et cinq danseurs, le chorégraphe donne vie à un répertoire musical constitué de chansons et ballades dans lequel se croisent des poèmes et des mélodies de Jaufré Rudel et de la Comtesse de Die, de Thibaut de Champagne et de Guillaume de Machaut. 

Dépouillée de tout décor, le plateau accueille par intermittence danseurs et musiciennes comme un terrain d’écoute sur lequel se construit un dialogue commun où tout s’accorde avec harmonie. Au dessus d’eux, est suspendue une petite constellation de projecteurs qui dessinent de douces auréoles lumineuses au sol. Intrinsèquement liée à l’écriture de la danse, la musique porte les mouvements et les déplacements des danseurs : chaque pas, chaque geste, chaque impulsion, répond au rythme des mélodies et aux notes de musique. Exceptés quelques apartés où chaque médium se regarde ou s’écoute de manière autonome, et un singulier travail sonore sur le souffle des danseurs, l’écriture du geste, au delà de sa simple beauté, reste conventionnelle et finit malheureusement par se diluer dans une chorégraphie illustrative et décorative.

À la beauté froide et sobre, le trop sage Nombrer les étoiles ne retrouve pas l’énergie folle des précédentes pièces de groupe d’Alban Richard parmi lesquels nous pouvons citer les exaltants Pléiades (2011), HOK solo pour ensemble (2015) pour le Ballet de Lorraine ou encore le fiévreux Boire les longs oublis (2012). Saluons ici cependant le travail des trois chanteuses et musiciennes Alla francesca, Vivabiancaluna Biffi, Christel Boiron et Brigitte Lesne, qui parviennent à créer avec seulement leurs voix et leurs instruments de musique un espace onirique et hors du temps dans lequel les cinq danseurs évoluent avec légèreté.

Vu au Théâtre 71 – scène nationale de Malakoff. Conception, chorégraphie Alban Richard. Avec Vivabiancaluna Biffi, Christel Boiron, Brigitte Lesne, Romain Bertet, Mélanie Cholet, Max Fossati, Laurie Giordano et Yannick Hugron. Photo © Agathe Poupeney.