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MONUMENT 0.1 : Valda & Gus, Eszter Salamon

Par Wilson Le Personnic

Publié le 19 novembre 2015

Les noms de Valda Setterfield et Gus Solomons Jr. vous sont peut être inconnus mais leurs visages ne sont pas inconnus des spectateurs de la première heure. Interprètes emblématiques de la Merce Cunningham Dance Company, ces deux piliers de la danse américaine ont participé à l’écriture des plus grands chapitres de la « post moderne dance » à New-York et leurs noms sont liés depuis plusieurs décennies à ceux qui ont révolutionné l’histoire la danse. Réunis sous l’égide de la chorégraphe Eszter Salamon, ils se retrouvent aujourd’hui sur le plateau de MONUMENT 0.1 : Valda & Gus, second volet d’un cycle inauguré la saison dernière avec MONUMENT 0 : Hanté par la guerre (1913-2013).

Chorégraphe et performeuse, Eszter Salamon s’est associée à Christophe Wavelet, historien et critique d’art qui a notamment co-dirigé le Quatuor Knust et signé cet automne le commissariat de la première édition de SCENE DE GESTE au Centre National de la danse. En adoptant une approche historique, le duo explore la notion de monument et révise l’Histoire du vingtième siècle au regard de la danse. Après avoir fait ressurgir un catalogue de danses tribales marquées par des conflits de guerre dans MONUMENT 0 : Hanté par la guerre (1913-2013), Eszter Salamon continue d’explorer l’histoire du vingtième siècle au regard de la danse explorant la notion de monument à travers une réécriture de notre patrimoine chorégraphique.

Au départ, des images s’échappent du néant : des fragments de corps nus apparaissent successivement dans une petite fenêtre lumineuse, des peaux striées de rides qui se touchent, des bras tendus qui se font face, s’agrippent avant de disparaitre à nouveau dans la nuit. « Gus, where are you ? I’m here Valda. Gus, where we are? We are on stage, Valda. » Le plateau est un black cube feutré qui met en exergue les deux silhouettes de Valda Setterfield et Gus Solomons Jr, tous deux habillés dans un premier temps de costumes noirs. Leurs déplacements sont lents et fragiles mais ne manquent pas de vitalité.

Assis derrière une petite table noire, Gus Solomons Jr. anime des marionnettes rudimentaires aux effigies du chorégraphe Merce Cunningham, du compositeur John Cage, de la chorégraphe Martha Graham et de lui même, affublé d’un boubou coloré. Les fantômes du passé se réveillent entre ses mains et bavardent comme de vieux copains. Valida Setterfied, quant à elle, offre une très belle séquence où elle danse, un parapluie à la main, sous une fine pluie blanche et silencieuse. Entre Histoire et fiction, ses deux-là font dialoguer et résonner leurs mémoires d’interprètes. Vêtus de costumes blancs, ils finissent par esquisser de petits pas de danse et partagent quelques souvenirs avec générosité, autant d’anecdotes qui sont les bribes d’un héritage chorégraphique qu’on écoute et regarde comme de précieuses archives éphémères.

Vu au Centre national de la danse à Pantin. Projet Eszter Salamon Mise en scène Eszter Salamon et Christophe Wavelet. Performance Valda Setterfield et Gus Solomons Jr. Photo Ursula Kaufmann.