Photo © Gregory Batardon

Marco Berrettini « Les enjeux de la danse ne diffèrent pas des enjeux du citoyen »

Propos recueillis par Wilson Le Personnic

Publié le 16 août 2017

Pause estivale pour certains, tournée des festivals pour d’autres, l’été est souvent l’occasion de prendre du recul, de faire le bilan de la saison passée, mais également d’organiser celle à venir. Ce temps de latence, nous avons décidé de le mettre à profit en publiant tout l’été une série de portraits d’artistes. Figure établie ou émergente du spectacle vivant, chacune de ces personnalités s’est prêtée au jeu des questions réponses. Ici le danseur et chorégraphe italien Marco Berrettini.

Trublion de la danse (les spectateurs se souviendront de son électrique No paraderan au Théâtre de la Ville en 2004), Marco Berrettini compose depuis 2010 le projet au long court IFeel dont le 4ème volet Ifeel4 a été présenté en mars dernier au Centre National de la danse à Pantin. Nous avons également pu le voir dernièrement au coté de Marion Duval dans Claptrap au Centre Culturel Suisse à Paris et au Théâtre Vidy-Lausanne en juin dernier. Sa prochaine création My soul is my visa verra le jour en 2018.

Quel est votre premier souvenir de danse ? 

Mon premier souvenir est de voir mes grand-parents danser pendant une fête de quartier, un bal musette. Pendant cette même période, j’ai également pu voir les premiers danseurs « disco » à la télévision. 

Quels sont les spectacles qui vous ont le plus marqué en tant que spectateur ? 

Il y en a beaucoup : The last performance (1998) de Jerome Bel, Universal Copyright (1995) de Jan Fabre, Apollon (1928) de Balanchine, Le sacre du printemps (1975) de Pina Bausch, Symphony of psalms (1978) de Jiří Kylián, L’après-midi d’un faune (1912) de Vaslav Nijinsky, les films All that Jazz (1979) de Bob Fosse et West Side Story (1962) de Jerome Robbins… Et beaucoup d’autres.

Quels sont vos souvenirs les plus intenses en tant qu’interprète ?

Le Championnat de danse disco 1978, où j’étais tout seul sur scène devant cinq mille spectateurs : le trac de ma vie. Avant la première de Basta (1989) de George Appaix, j’avais tant le trac que je m’étais enfermé dans les toilettes avant le spectacle. Je me souviens également de la sensation de pouvoir improviser pendant vingt-quatre heures sans problème avec la danseuse Chiara Gallerani lors de la présentation de ma pièce Sturmwetter prépare l’An d’Emil (1999) au Théâtre de la Cité internationale à Paris. 

Quelles rencontres artistiques ont été les plus importantes dans votre parcours ? 

Le chorégraphe George Appaix, avec lequel j’ai travaillé pendant neuf ans. Et mes professeurs de danse à la Folkwang Universität der Künste à Essen : Hans Züllig et Jean Cébron, des anciens interprètes de Kurt Jooss.

À vos yeux, quels sont les enjeux de la danse aujourd’hui ?

Les enjeux de la danse ne diffèrent pas des enjeux du citoyen : comprendre son temps, le transcender, se battre pour nos idéaux, abattre la tyrannie d’un pouvoir pyramidal qui se répète depuis des millénaires. 

À vos yeux, quel rôle a/doit avoir un artiste dans la société aujourd’hui ?

Un artiste n’a pas proprement de « rôle », ou alors nous avons tous des « rôles ». Nous ne jouons pas au théâtre, nous faisons les choses, nous menons notre vie. Seuls diffèrent nos niveaux de conscience. 

Photo © Gregory Batardon.