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Mimi, Scènes de la vie de bohème, Guillaume Vincent

Par Wilson Le Personnic

Publié le 24 novembre 2014

Après The Second Woman, un opéra librement inspiré du film Opening Night de John Cassavetes, le metteur en scène Guillaume Vincent retrouve le compositeur Frédéric Verrières, le dramaturge Bastien Gallet et l’Ensemble Court-circuit. Loin de l’idée d’adapter La Bohème de Giacomo Puccini, cette équipe aux doigts d’or s’est affairée à décortiquer et déconstruire cet opéra mythique pour mieux l’apprivoiser et le faire « résonner ici et maintenant ».

Le plateau de Mimi, Scènes de la vie de bohème est un grand bazar maitrisé, un capharnaüm qui abrite des animaux empaillés et autres objets hétéroclites qu’on détaille avec curiosité pendant l’arrivée des derniers spectateurs. Des matelas inondent le sol, la carcasse d’une voiture trône près d’une statue de la vierge marie coté jardin, et une enseigne Kronenbourg surplombe de hauts sapins artificiels coté cour. Derrière un grand rideau de tulle brodé, une scène surélevée accueille l’orchestre de l’Ensemble Court-circuit dirigé par Jean Dernier.

Guillaume Vincent invite les figures d’une Pussy Riot, Zahia, Manuel Valls et Fleur Pellerin à la FIAC et n’hésite pas à faire référence à la sculpture désormais célèbre Tree de Paul McCarthy en disséminant dans le décor des butt plug de différentes tailles. La distribution audacieuse, et plutôt réussie, fait se côtoyer des chanteurs lyriques et pop : nous avons donc la surprise de voir réunis sur une scène des chanteurs lyriques classiques tels que Judith Fa et Christian Helmer avec des artistes révélés par des télés-crochets : Camélia Jordana et Caroline Rose.

Les interprètes chantent, crient dans des mégaphones, fredonnent, murmurent… Étonnante combinaison donc, qui détonne parfois, mais qui permet également de nous faire voyager à travers des propositions aussi ambitieuses que réussies. Les puristes insatiables pourront aller à l’Opéra Bastille se consoler, où La Bohème est jouée jusqu’au 31 décembre.

Vu au Théâtre des Bouffes du Nord. Librement inspiré de La Bohème de Giacomo Puccini. Musique Frédéric Verrières Livret Bastien Gallet. Mise en scène Guillaume Vincent. Direction musicale Jean Deroyer. Photo de Pascal Victor / ArtComArt.