Photo Centre National de la Danse

Lucinda Childs, Early Works

Par Wilson Le Personnic

Publié le 5 octobre 2016

Pour sa 45e édition, le festival d’Automne à Paris invite une nouvelle fois Lucinda Childs dans le cadre d’un « portrait » où est programmé une série de rendez-vous autour de l’œuvre de la chorégraphe, figure majeure de la danse post moderne américaine. Une belle occasion de (re)découvrir les recherches et le répertoire de la compagnie à travers des spectacles historiques, des performances devenues cultes, ainsi qu’une première grande exposition retraçant son parcours à travers des archives et des projections vidéos. Un grand rendez-vous donc, aussi bien pour néophytes que pour les curieux de danse qui découvriront le talent et le génie d’une artiste qui n’a jamais cessé de questionner la perméabilité de la danse avec les arts.

Premier rendez-vous et déjà première claque visuelle lors du week-end « Ouverture après travaux » au Centre National de la Danse à Pantin avec les représentations de Katema (1978) et Dance 2 (1979) sur une grande terrasse bétonnée du CND visible depuis les berges du canal de l’Ourq. Incroyable tableau ensoleillé où se sont mélangé spectateurs, cyclistes et piétons hagards attirés par la musique de Philipp Glass et par les centaines de regards tournés vers l’architecture brutaliste de Jacques Kalisz. Cette escapade hors de l’espace du théâtre faisait ici parfaitement écho aux travaux in-situ de la chorégraphe dans des lieux « dévolus à déambulation » comme en témoignent les photos et les photos et les vidéos présentes dans l’exposition Lucinda Childs, Nothing personal, 1963-1989.

En marge des spectacles programmés cet automne à Paris, le Centre national de la danse et la Galerie Thaddaeus Ropac à Pantin co-présentent une exposition monographique de Lucinda Childs qui réunit le travail graphique de l’artiste ainsi que des archives inédites réunies grâce à la donation d’un fond de la chorégraphe au CND. L’exposition retrace avec intelligence le parcours et le travail de Lucinda Childs à travers des photos, des dessins, des lettres, des notes, des films originaux ou encore des vidéos qui schématisent les motifs de certaines de ses chorégraphies. Seule petite déception, la quantité des archives exposées, bien maigre quand on sait que la chorégraphe a légué plus d’une cinquantaine de cartons au CND.

En parallèle de cette grande exposition, le Festival d’Automne organise une programmation de spectacles consacrés à Lucinda Childs. Deux programmes explorent 40 ans de travail, de ses premières performances créées à la Judson Church dans les années 1960 jusqu’au solo Description (of a description) datant de 2000 aujourd’hui interprété par la chorégraphe. Le programme A présenté au CND faisait un étonnant focus sur une série de performances qui ont fait date dans l’histoire de la Judson Church : Pastime (1963), Carnation (1964) et Museum Piece (1965) initialement jouées par la chorégraphe sont aujourd’hui interprétées par sa nièce Ruth Childs. Ces trois solos aux frontières dadaïstes ont été l’occasion de découvrir avec humour et légèreté les prémisses d’une oeuvre rigoureuse et minimale.

Le programme B, présenté au Théâtre de la Commune à Aubervilliers, a mit quant à lui en lumière une série de courtes pièces interprétées par les danseurs de la Lucinda Childs Dance Company. Les silencieux Radial Courses (1976), Katema (1978), Reclining Rondo (1975) et Interior Drama (1977) dessinent avec brio les motifs caractéristiques du travail de la chorégraphe dans lesquelles nous devinons les prémisses de Dance (1979) et d’Available Light (1983), deux chefs d’oeuvre également présentés cet automne dans le cadre du Festival d’Automne. Concerto (1993) sur la musique d’Henryk Góreck a conclu en apothéose ce second programme qui augure la suite des festivités : Dance (1979) reprit par le Ballet de l’opéra de Lyon, Available Light (1983) au Théâtre du Châtelet et une nouvelle création pour le Ballet de l’opéra de Lyon dans le cadre de la soirée Trois Grandes Fugues aux cotés d’anciennes pièces d’Anne Teresa de Keersmaeker et Maguy Marin.

Portrait Lucinda Childs, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Photo © CND.